Pavés de la mémoire – Ravensbrück

Le pavé de Sabatino Schinazi, dont le fils fut partie civile contre Papon. On l’appelait le médecin des pauvres

Les pavés de la mémoire par Marie-Laurence Arnaud-Donzac

Le passé oublié attire l’œil au détour des avenues, des rues et des impasses le long des façades des maisons. Un pas puis l’autre et le regard s’arrête sur un pavé dont la surface en laiton brille sous l’éclat du jour ou la lueur bleutée de la nuit ; il éclaire les pavés gris qui l’enserre. Le regarder c’est s’attarder sur l’histoire de la ville, c’est s’émouvoir du souvenir de ce qui hélas fût. Passant, incline-toi pour lire l’inscription qui y est gravée et recueille-toi un instant sur un nom, suivi de sa courte biographie t’informant sur son âge et le destin dramatique qui fût le sien, victime de l’état français coupable de collaboration avec l’Allemagne nazie. « Ici habitait » ce pavé , de 10 cm sur 10, scellé dans le trottoir devant le dernier domicile, parfois le dernier lieu d’activité de la personne persécutée, arrêtée, déportée, assassinée parce que juive, tsigane, opposante politique, résistante, handicapée, homosexuelle porte le beau nom de pavé de la mémoire ou Stolpersteine», littéralement pierres d’achoppement ou pierres sur lesquelles on trébuche (symboliquement).

Ces Pavés de la mémoire ont été conçus dans les années 1990 par l’artiste allemand Gunter Demnig. A ce jour, il a posé plus de 800 000 pavés en Allemagne et dans le monde.

En France, c’est Christophe Woehrle qui a initié la pose des Stolpersteine. L’enseignant en histoire-géographie bilingue du collège du Stockfeld à Strasbourg est aussi historien bénévole et planche de nombreuses heures par semaine sur les recherches nécessaires à la constitution d’un dossier en vue de la pose de chaque pavé de la mémoire. La famille de Jean Marie Matisson vient de déposer un dossier.

C’est dans la région bordelaise en 2015 à Libourne puis à Bordeaux en 2019 qu’on a posé les premiers pavés. « C’était stratégique » , explique l’historien. « Bordeaux étant jumelée à Munich, nous voulions faire pression sur la municipalité munichoise. Mais cela n’a pas marché, et il n’y a toujours aucun Stolperstein à Munich. Une petite fille de déporté est opposée au projet et la mairie rejette toute demande. » Ne les cherchez pas non plus à Paris, ils n’y sont pas.

L’objectif des Stolpersteine, c’est de transmettre cette mémoire, et d’en faire un projet citoyen et éducatif. 

Citons l’exemple de la Métropole Rouen Normandie. Depuis 2019, plus d’un millier d’élèves des collèges et lycées de l’agglomération rouennaise, ainsi que des étudiantes et étudiants du département d’allemand de l’Université de Rouen, ont été impliqués avec leurs professeurs de différentes disciplines dans des projets pédagogiques associés à l’initiative. Ils ont travaillé sur les victimes et le contexte local de la Shoah, participé aux hommages sur site et aux cérémonies, rencontré l’artiste Gunter Demnig, fait des sorties scolaires à la découverte des « Stolpersteine »…

La lune se faufile

Glisse sur le silence des pavés glacés

Ces éclats humides me précèdent

 Trouent le silence de l’oubli, murmurent


Ravensbrück

36 Dessins à la plume de Violette Rougier-Lecoq

C’est au cours d’une conférence à la médiathèque de Fronton que M. André ANNE m’a proposé de présenter ces croquis que Mme Violette ROUGIER-LECOQ avait dédicacé à une personne de sa famille, membre d’un réseau de résistance.

Voici ce que m’a confié son épouse Bernadette Moisset Anne, le premier Avril 2022, jour où je suis allé parler à 60 élèves de terminales au Lycée de Fronton

Je vous communique les informations que j’ai pu recueillir auprès de lui à propos de la famille Boisseau  » biscottier  » à Tours . Roger Boisseau faisait partie d’un réseau de résistants . Chose totalement tue dans son entourage familial . Sa conjointe s’inquiétait de ses absences mais n’a su qu’après la fin de la guerre sa participation au réseau . Il ne voulait pas qu’elle s’inquiète si elle l’avait su mais avait peur de la mettre en danger s’il se faisait prendre et qu’elle ait été interrogée . Roger Boisseau transportait des messages pour la Résistance dans les paquets de biscottes .Il les amenait au Curé d’ESVRES et au Chanoine Carlotti, tous les deux résistants , et qui résidaient en zone libre . Ils ont tous deux été décorés par le Général de Gaulle . A l’époque Tours était sous occupation allemande . Dans un bel immeuble situé à l’angle de la rue Victor HUGO et George SAND , la GESTAPO pratiquait la torture au sous-sol . Roger Boisseau était l’oncle de la première épouse de mon mari . C’est par lui que le livret des croquis, qui lui a été dédicacé par Violette ROUGIER LECOQ , est arrivé dans les mains de mon mari .  Je vous souhaite un « beau » moment de transmission avec les lycéens .

La laïcité n'est pas une opinion, c'est la liberté d'en avoir une