L’être humain n’a qu’un seul pays : la liberté !

Photo Valérie Hubert-Cassant

La Cour Pénale Internationale vient de lancer un mandat d’arrêt international contre M. Vladimir Poutine, Président de la Fédération de Russie et Mme Maria Lvova-Belova, Commissaire aux droits de l’enfant au Cabinet du Président de la Fédération de Russie.

Le crime retenu concerne la déportation des enfants ukrainiens et le génocide.

Alors, oui, j’entends les critiques ! : « cela ne sert à rien ! » « il faut envoyer Rambo pour l’arrêter ! » « il se moque de nous ! »

À ceux-là, je le répète, le crime est imprescriptible et ils seront poursuivis jusqu’à la fin de leur vie. Ils ne pourront plus se déplacer dans plus de la moitié des pays du Monde, ils auront toujours la menace de voir un commando les exfiltrer et les amener devant leurs juges. Et surtout, ces deux premières plaintes ouvrent la voie à de nouvelles poursuites.

Je viens d’adhérer à une association UNITÉ LAÏQUE qui travaille à la réhabilitation de la mémoire de Missak Manouchian et à son entrée au Panthéon. Cela parle forcément pour moi, parce que mon grand-père était membre du BUND, mouvement révolutionnaire juif d’Europe de l’Est, le BUND fut un des principaux fournisseurs de combattants du MOI, mouvement de résistance issu de la main-d’œuvre immigrée, Missak Manouchian et l’affiche rouge en est le représentant le plus connu. J’ai découvert récemment une stèle en hommage à un combattant du MOI qui disait « les hommes n’ont qu’un pays : la liberté ». C’est justement en cela que je suis un citoyen de l’universel et un combattant de la liberté.

Tout est lié, la laïcité, la connaissance du fascisme d’hier, la lutte contre le fascisme d’aujourd’hui, l’universel, la transmission, la transmission encore, la transmission toujours.

Ces trois jours à Libourne sont basés sur la transmission, j’ai été honoré pour mes 50 ans de maçonnerie et là, à l’écoute des souvenirs que les frères et les sœurs évoquaient à mon égard, ce qui revenait sans cesse était ma façon de transmettre. J’ai alors compris pourquoi la fonction que j’ai aimée le plus occuper était justement le poste chargé de transmettre aux nouveaux impétrants.

Transmettre avec Usha, mon neveu et fils adoptif. Photo Valérie Hubert-Cassant

Mais revenons à ma journée marathon au Lycée Max Linder.

Le souvenir qui me marquera de cette séance de trois conférences au Lycée Max Linder, est cet élève visiblement plus âgé que les autres, visiblement, d’origine afghane ou iranienne, peu importe, qui vient me voir au début de la conférence, me demande si cela me dérange s’il assiste à la conférence, il est là en auditeur libre et qui, à la fin, me pose et me repose des questions sur le crime de génocide et le crime contre l’humanité et la Cour Pénale Internationale :

  • Pourquoi selon la justice bordelaise, s’il n’y avait pas eu de survivants et d’ayants-droits, il n’y aurait pas eu de procès ?
  • Est-ce que la Cour Pénale Internationale peut être saisie par n’importe quel individu ?
  • Quels sont les avantages d’avoir une Cour Pénale Internationale ?
  • Que veut dire le fait que ces crimes soient imprescriptibles ?

Il est clair que ces questions et ces interrogations ne sont pas que scolaires. Il est clair aussi que son regard qui s’illumine au fil de mes réponses ; que ses yeux qui brillent en disent long sur son histoire et son vécu.

Comme d’habitude, je suis toujours frappé par les réactions des jeunes qui viennent m’écouter. Je suis surpris par le nombre de lycéens ou de lycéennes qui viennent spontanément me remercier après mes conférences, quelques mots gentils, des gestes d’affection qui sont ma récompense, mon salaire pour mon travail de mémoire accompli. Je suis le témoin inattendu qui vit dans sa chair, les horreurs décrites sur une page de leur manuel d’histoire et cela change tout.

Force est de me souvenir de cette lectrice allemande qui veut assister à ma conférence au Lycée Paul Broca Elysée Reclus à Sainte-Foy-La-Grande, et qui à la fin de la conférence, au fond de la salle de classe pleure, elle pleure sa honte du peuple allemand.

Force est de me souvenir de cet élève de cette classe de primo arrivant du collège du Barrage à Bergerac dont le professeur n’avait jamais entendu le son de la voix et qui n’arrête jamais de me poser des questions.

Voilà, c’est cela mon combat, le vrai sens de ma vie et toi qui me comprends et compte pour moi, tu te plains d’être obligée de m’arracher les vers du nez pour te dire quoi ? que j’étais Grand Maître Adjoint du Grand Orient de France ou président du Comité Laïcité République, une gloire sans commune mesure avec mon travail de transmission.

Alors, oui, pour ces jeunes qui me remercient, pour cette lectrice allemande qui pleure à chaudes larmes sa honte, pour ce primo arrivant qui se met à parler avec moi après 6 mois de silence, pour ce jeune libournais et ses yeux qui pétillent, alors, oui, j’estime avoir accompli mon travail.

Jean-Marie Matisson

Unité Laïque

Grand Orient de France

Comité d’Action Maçonnique

Combattant de la Liberté

Merci à toi Marie-Laurence pour ton accueil et ton accompagnement.

Photo Valérie Hubert-Cassant