» Nous les Juifs « 

un édito, inspiré par la lecture de Gilles Finchelstein et l’écoute de Simon Moos

À deux reprises, la semaine dernière, je me suis surpris à dire lors d’une émission radio et d’une conférence, « nous les Juifs » alors que d’habitude, je dis « je suis un Juif laïque, issu d’une famille ashkénaze, arrière-petit-fils d’un Rabbin… » 


Au lendemain de ce 7 octobre, la journée la plus meurtrière contre les Juifs depuis la Shoah :  images insoutenables de femmes agonisantes trainées nues et violées, de familles entières immolées dans leur foyer, de bébés égorgés dans leur berceau, de femmes enceintes éventrées aux fœtus décapités, images dignes des expéditions génocidaires des Einsatzgruppen.

 
Et puis, à peine Israël décide-t-il de chasser les nazis du Hamas, on entend les lieux communs de la haine antijuive rejaillir de la boîte de Pandore dans laquelle ils étaient enfermés depuis 80 ans, les petits lieux communs du pacifisme aveugle : « quelle bande de brutes, ce conflit ne finira donc jamais » « si seulement, il y avait la paix » autant de phrases qui après l’empathie laisse place aux atermoiements intellectuels, aux équivalences et enfin à l’indifférence. 
Des médias refusent d’appeler le Hamas « groupe terroriste » (BBC ou AFP) ou pire les appellent « combattants palestiniens »
Certains responsables politiques inscrivent les massacres contre les Juifs dans les trames d’un proche Orient complexe. Déjà on contextualise l’horreur en partage des torts, on offre une grille de lecture politicienne, on parle de colonisation israélienne sur l’unique et minuscule terre juive de cette planète, on parle d’apartheid pour qualifier la seule démocratie libre d’une région entourée par des dictatures. Certains responsables politiques oublient que parmi les victimes et les otages du Hamas, figurent leurs ressortissants, pour la France 40 victimes et encore des otages.
 

Le monde tolère les Juifs quand ils sont à terre beaucoup moins quand ils se relèvent, pas même quand ils affrontent les mêmes barbares qui, hier, se réjouissaient de voir New York en cendre et Paris en sang. Depuis bien trop longtemps, nous hébergeons, nous protégeons les frères musulmans, les frères Ramadan, les auteurs des attentats de la rue des rosiers, de la Synagogue de la rue Copernic, de Charlie, de l’Hyper Casher, du Bataclan, de l’école Ozar Hatorah, les idiots utiles qui se déchaînent sur France Inter, comme Guillaume Meurice qui ose un « Netanyahou, un nazi sans prépuce ». 

Les Juifs sont fatigués de devoir se justifier,  

Les Juifs sont fatigués de devoir justifier la civilisation, 

 Les Juifs sont fatigués de devoir rappeler pourquoi la réponse à la barbarie ne peut pas se réduire à des marches contre le racisme et l’antisémitisme.  

C’est Manouchian, Churchill et De Gaulle que l’histoire désigne comme héros, pas Chamberlain, Pétain, Papon ou Bousquet qui se sont soumis au mal absolu. 

Alors, oui, la guerre est une crise humanitaire, mais Israël n’a pas voulu cette guerre, elle lui a été imposée, comme la France à Raqqa contre Daesh, comme la France libre et les alliés l’ont fait en Allemagne pour abattre le troisième Reich et Hitler. Fallait-il ne pas bombarder Berlin et laisser les usines de la mort tourner à plein régime à Auschwitz ?
Où étaient-ils ceux qui accusent Israël aujourd’hui, hier quand la France menait son combat contre Daesch ? Faut-il être Juif pour être toujours coupable ?

Si les valeurs judéo-chrétiennes qui ont prétendument façonné l’occident, si celles des lumières ne résonnent plus, je suis sûr qu’elles seront toujours défendues par le peuple qui les a transmises au monde.

le 16 novembre 2023