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Missak Manouchian, combattant de l’universel et de la liberté entre au Panthéon

MISSAK MANOUCHIAN ENTRE AU PANTHEON

Par Jean-Marie Matisson, membre du CA d’Unité Laïque

Vendredi 16 juin 2023, le président de la République, entouré de plusieurs de ses conseillers, recevait le Comité pour l’entrée au Panthéon de Missak Manouchian, mené par Jean-Pierre Sakoun, président d’Unité laïque, et composé de Katia Guiragossian, petite-nièce de Mélinée et Missak Manouchian, représentant la famille, de Nicolas Daragon, maire de Valence et co-porteur de la démarche, de Pierre Ouzoulias, sénateur, de Denis Peschanki, historien et d’Aline Girard, secrétaire générale d’Unité laïque

Jean Moulin, Joséphine Baker et Missak Manouchian

« Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand » quelle magnifique leçon d’universalisme dans la bouche de ce combattant arménien, il ne se battait pas contre un peuple, il se battait pour une certaine idée de la France « et les mornes matins en étaient différents ».

« Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand » résonne aussiavec cet « Entre ici Jean Moulin », prononcé en 1964 par André Malraux et qui reste un des plus beaux discours du siècle dernier. Jean Moulin et Missak Manouchian, et avec eux, le cortège d’ombres de tous ces résistants d’origine étrangère morts pour la France.

« Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand » résonne encore avec « Ma France, c’est Joséphine »prononcé en 2021 par Emmanuel Macron pour rendre hommage à la panthéonisation de Joséphine Baker. Il résonne toujours et vibre comme la flamme de la Liberté. Joséphine Baker défendait les grands principes universels de liberté, d’égalité et de fraternité.

Missak Manouchian mérite que son nom soit à jamais gravé dans la pierre blanche du Panthéon à côté de ceux de Jean Moulin, de Geneviève Anthonioz de Gaulle, de Pierre Brossolette, de Germaine Tillon, de Jean Zay et de Joséphine Baker. Les résistants ne se trompent jamais, au lieu de céder aux invectives et à la violence, comme l’extrême-droite le propose aujourd’hui, ils répondent par l’engagement, Missak Manouchian était plus français par le sang versé que ceux qui voulaient que « son nom à prononcer soit difficile » et que sa tête sur l’affiche « fasse un effet de peur sur les passants ».

Pour Joséphine Baker, fille métisse d’une Amérique ségrégationniste, pour Mélinée et Missak Manouchian, enfants du génocide arménien, comme pour les 22 autres combattants étrangers qui « criaient la France en s’abattant », la France n’est pas simplement un territoire ou une population, la France est un idéal fondé sur la laïcité, la justice et sur l’unité et l’indivisibilité de la communauté des citoyens.  C’est un pays « plus grand que lui-même » qui a toujours représenté pour le monde entier un symbole et un espoir de bonheur. Il y a encore quelques années les insurgés de la place Maïdan en Ukraine chantaient la Marseillaise comme avant eux tous les peuples qui dans le monde se sont soulevés contre l’arbitraire et la misère depuis 1792.

Mémoire et Transmission

Il y a 108 ans avait lieu le premier génocide du 20e siècle. Les Turcs massacraient 1,5 million d’Arméniens dans l’Empire ottoman finissant. 

Il y a 90 ans, commençait la Shoah avec ses 6 millions de Juifs exterminés.

« Je mourrai avec mes vingt-trois camarades, avec le courage et la sérénité d’un homme qui a la conscience bien tranquille » seront les derniers mots de Missak Manouchian à son épouse Mélinée née Assadourian. Missak, rescapé du génocide, fuit l’Arménie en 1925, Mélinée en 1926. Ils se rencontrent en 1934 à Paris et s’engagent au sein du Parti Communiste pour finalement entrer en résistance dans les FTP-MOI (Francs-Tireurs et Partisans – Main d’Œuvre Immigrée) Mélinée restera résistante jusqu’à la Libération, elle meurt le 6 décembre 1989 à Paris et est enterrée dans le cimetière d’Ivry, aux côtés de son mari.

La date du 21 février 1944 s’inscrit à jamais dans notre mémoire collective et rendre hommage à l’enfant du génocide arménien, au poète, au syndicaliste et au journaliste, fusillé ce jour-là au Mont-Valérien, c’est reconnaître son combat et celui de tous ses compagnons pour la Liberté, c’est lutter contre la négation et l’apologie des crimes de masse, génocides et crimes contre l’humanité, c’est enfin défendre l’honneur et la mémoire des victimes du nazisme et du pétainisme.

Tout comme Joséphine Baker, le résistant arménien, s’engage dans la lutte armée contre les fascistes et l’occupant nazi. Au-delà de la filiation directe entre ces fascistes d’hier et ceux d’aujourd’hui aux portes du pouvoir en France, l’Europe, oublieuse de son passé est en train de sombrer à nouveau dans la peste brune et de s’offrir à la bête immonde. Nous leur devons fidélité, nous ne devons pas oublier leurs actes, nous devons aujourd’hui faire en sorte qu’ils ne soient pas morts pour la France, hier, pour rien.

Pour reprendre André Malraux « Aujourd’hui, jeunesse, puisses-tu penser » à ces hommes et à ces femmes. (…) Ce jour-là, ils étaient le visage de la France. ». Face à la montée des extrémismes et du populisme, l’enjeu de la transmission aux enfants est essentiel, car, eux, ne se posent pas de questions, ils savent qu’ils se sont battus pour que nous puissions vivre libres.

C’est à nous, adultes de continuer à transmettre. C’est tout le travail que mènent aujourd’hui Unité Laïque et la Ville de Valence et qui aboutit ce jour par l’entrée de Missak Manouchian au Panthéon.

Nous le leur devons, nous nous le devons.

Merci à tous ceux et toutes celles qui nous ont apporté aide et soutien dans ce travail de mémoire.

L’être humain n’a qu’un seul pays : la liberté !

Photo Valérie Hubert-Cassant

La Cour Pénale Internationale vient de lancer un mandat d’arrêt international contre M. Vladimir Poutine, Président de la Fédération de Russie et Mme Maria Lvova-Belova, Commissaire aux droits de l’enfant au Cabinet du Président de la Fédération de Russie.

Le crime retenu concerne la déportation des enfants ukrainiens et le génocide.

Alors, oui, j’entends les critiques ! : « cela ne sert à rien ! » « il faut envoyer Rambo pour l’arrêter ! » « il se moque de nous ! »

À ceux-là, je le répète, le crime est imprescriptible et ils seront poursuivis jusqu’à la fin de leur vie. Ils ne pourront plus se déplacer dans plus de la moitié des pays du Monde, ils auront toujours la menace de voir un commando les exfiltrer et les amener devant leurs juges. Et surtout, ces deux premières plaintes ouvrent la voie à de nouvelles poursuites.

Je viens d’adhérer à une association UNITÉ LAÏQUE qui travaille à la réhabilitation de la mémoire de Missak Manouchian et à son entrée au Panthéon. Cela parle forcément pour moi, parce que mon grand-père était membre du BUND, mouvement révolutionnaire juif d’Europe de l’Est, le BUND fut un des principaux fournisseurs de combattants du MOI, mouvement de résistance issu de la main-d’œuvre immigrée, Missak Manouchian et l’affiche rouge en est le représentant le plus connu. J’ai découvert récemment une stèle en hommage à un combattant du MOI qui disait « les hommes n’ont qu’un pays : la liberté ». C’est justement en cela que je suis un citoyen de l’universel et un combattant de la liberté.

Tout est lié, la laïcité, la connaissance du fascisme d’hier, la lutte contre le fascisme d’aujourd’hui, l’universel, la transmission, la transmission encore, la transmission toujours.

Ces trois jours à Libourne sont basés sur la transmission, j’ai été honoré pour mes 50 ans de maçonnerie et là, à l’écoute des souvenirs que les frères et les sœurs évoquaient à mon égard, ce qui revenait sans cesse était ma façon de transmettre. J’ai alors compris pourquoi la fonction que j’ai aimée le plus occuper était justement le poste chargé de transmettre aux nouveaux impétrants.

Transmettre avec Usha, mon neveu et fils adoptif. Photo Valérie Hubert-Cassant

Mais revenons à ma journée marathon au Lycée Max Linder.

Le souvenir qui me marquera de cette séance de trois conférences au Lycée Max Linder, est cet élève visiblement plus âgé que les autres, visiblement, d’origine afghane ou iranienne, peu importe, qui vient me voir au début de la conférence, me demande si cela me dérange s’il assiste à la conférence, il est là en auditeur libre et qui, à la fin, me pose et me repose des questions sur le crime de génocide et le crime contre l’humanité et la Cour Pénale Internationale :

  • Pourquoi selon la justice bordelaise, s’il n’y avait pas eu de survivants et d’ayants-droits, il n’y aurait pas eu de procès ?
  • Est-ce que la Cour Pénale Internationale peut être saisie par n’importe quel individu ?
  • Quels sont les avantages d’avoir une Cour Pénale Internationale ?
  • Que veut dire le fait que ces crimes soient imprescriptibles ?

Il est clair que ces questions et ces interrogations ne sont pas que scolaires. Il est clair aussi que son regard qui s’illumine au fil de mes réponses ; que ses yeux qui brillent en disent long sur son histoire et son vécu.

Comme d’habitude, je suis toujours frappé par les réactions des jeunes qui viennent m’écouter. Je suis surpris par le nombre de lycéens ou de lycéennes qui viennent spontanément me remercier après mes conférences, quelques mots gentils, des gestes d’affection qui sont ma récompense, mon salaire pour mon travail de mémoire accompli. Je suis le témoin inattendu qui vit dans sa chair, les horreurs décrites sur une page de leur manuel d’histoire et cela change tout.

Force est de me souvenir de cette lectrice allemande qui veut assister à ma conférence au Lycée Paul Broca Elysée Reclus à Sainte-Foy-La-Grande, et qui à la fin de la conférence, au fond de la salle de classe pleure, elle pleure sa honte du peuple allemand.

Force est de me souvenir de cet élève de cette classe de primo arrivant du collège du Barrage à Bergerac dont le professeur n’avait jamais entendu le son de la voix et qui n’arrête jamais de me poser des questions.

Voilà, c’est cela mon combat, le vrai sens de ma vie et toi qui me comprends et compte pour moi, tu te plains d’être obligée de m’arracher les vers du nez pour te dire quoi ? que j’étais Grand Maître Adjoint du Grand Orient de France ou président du Comité Laïcité République, une gloire sans commune mesure avec mon travail de transmission.

Alors, oui, pour ces jeunes qui me remercient, pour cette lectrice allemande qui pleure à chaudes larmes sa honte, pour ce primo arrivant qui se met à parler avec moi après 6 mois de silence, pour ce jeune libournais et ses yeux qui pétillent, alors, oui, j’estime avoir accompli mon travail.

Jean-Marie Matisson

Unité Laïque

Grand Orient de France

Comité d’Action Maçonnique

Combattant de la Liberté

Merci à toi Marie-Laurence pour ton accueil et ton accompagnement.

Photo Valérie Hubert-Cassant

Fascisme d’hier, fascisme d’aujourd’hui

Transmettre les faits qui se sont produits hier avec rigueur et vérité c’est participer à l’éveil d’une conscience politique chez les nouvelles générations aujourd’hui pour qu’ils puissent construire le monde de demain

C’est en tout cas le but que je me fixe quand j’interviens dans un lycée ou un collège. Comme je le répète, je ne suis pas un historien, je relate des faits judiciaires et je les réinvestis avec mon histoire familiale. La Shoah bordelaise est exemplaire de ce que fut la Shoah, avec ses compromissions, ses lâchetés, ses actes de courage, ses justes parmi les nations. 

Histoire et Politique au sens noble du terme sont liées. 

Le fascisme d’aujourd’hui prend ses racines dans le fascisme d’hier car les deux sont identiques.

Aussi, parler de laïcité, de citoyenneté de l’universel comme une réponse au fascisme d’hier et au fascisme d’aujourd’hui au regard du procès Papon apparaît juste et nécessaire. A Périgueux, devant une classe de terminale, un élève m’a posé la question juste : « Monsieur, associez-vous d’autres combats à votre travail sur ce qui s’est passé avec votre famille ? ”

Mon combat du jour, c’est de contribuer à la création d’un grand mouvement laïque en France, qui supplante la myriade d’associations qui parlent de laïcité. C’est pourquoi, je milite aujourd’hui dans Unité Laïque qui est en passe de devenir ce grand mouvement unitaire avec Jean-Pierre Sakoun et Philippe Foussier qui ont succédé à la présidence du Comité Laïcité République

« La laïcité n’est pas une opinion, c’est la liberté d’en avoir une ».

citoyen de l’universel

Le juif est le baromètre de l’histoire comme la femme est le baromètre de la laïcité. S’en prendre à eux, c’est s’en prendre à l’humanité.

L’humanité se définit malheureusement par ce qu’elle connaît de pire, le crime de masse qui inclut le crime contre l’Humanité et le crime de guerre. Citoyen de l’universel, cela va au-delà de citoyen du monde, car le cadre qu’il définit est tout à la fois géographique et politique.

L’esclave qui lutte pour se libérer de ses chaînes ne le fait pas pour soumettre son maître il le fait pour mettre fin à L’esclavage c’est en ça qu’il combat pour l’universel.

La femme iranienne qui combat contre le port du voile ne le fait pas pour affirmer sa domination à son tour elle le fait pour libérer toutes les femmes.

Le combat pour le respect des femmes et des enfants touche à l’universel. La Laïcité, c’est simple, inutile de lui coller un adjectif, elle vise l’intérêt général et non des intérêts particuliers, elle est un principe de stricte égalité des citoyens quoi que soient leurs origines, elle est une philosophie basée sur les droits de l’homme et du citoyen.

Affirmer cela et défendre la laïcité, touche à l’universel . 

C’EST UN COMBAT POUR L’UNIVERSALISME.

ON NE PEUT PAS ÊTRE CITOYEN DE L’UNIVERSEL ET COMMUNAUTARISTE

ÊTRE CITOYEN DE L’UNIVERSEL A UN SENS. 

J’ai la « chance » d’être membre de la première famille qui a révélé l’affaire Papon et je suis le dernier membre du groupe des parties civiles encore en vie. C’est grâce à nous que Papon a été condamné pour crime contre l’humanité. Sans nous, l’État français n’aurait jamais été condamné pour son rôle dans la déportation des Juifs de France. Il s’agit bien du dernier gouvernement fasciste de France qui a été condamné grâce à nous. Ce n’est pas innocent de dire cela aujourd’hui quand on voit le score d’un parti fasciste au second tour des présidentielles. 

Jean-Marie Matisson

Le sens d’un combat !

Il y a quelques mois, je disais que le Juif était le baromètre de l’Histoire et la femme le baromètre de la laïcité. En réponse, un journaliste fasciste du sud de la France me traînait dans la boue d’injures racistes.

L’humanité se définit malheureusement par ce qu’elle connaît de pire, le crime de masse qui inclut le crime contre l’Humanité et le crime de guerre.

Avec ce qui s’est passé pendant la dernière guerre : l’extermination en masse du peuple juif, je n’ai de cesse que de lutter pour que cela ne se reproduise jamais. C’est pour moi une aberration de distinguer les différentes formes de racisme. Elles sont toutes identiques, même si les mots pour les désigner sont communautarisés. Comme si cela ne suffisait pas de combattre le révisionnisme et le négationnisme, il me faut dénoncer les Klarsfeld qui pour distinguer deux formes de racisme apportent leur soutien à un candidat du Rassemblement National et tombent dans le piège que leur tend l’extrême droite. C’est une aberration complète de soutenir un ancien parti créé avec des nazis et des membres de l’OAS.

Citoyen de l’universel

Moscou, Téhéran, Pékin, Kaboul sont devenues les capitales de la folie meurtrière de leurs dirigeants.

Pourtant, je persiste et parle de citoyen de l’universel.

Citoyen de l’universel, cela va au-delà de citoyen du monde, car le cadre qu’il définit est tout à la fois géographique et politique.

Le combat pour le respect des femmes et des enfants, oui, il touche à l’universel.

Le combat pour la transmission de la mémoire de la Shoah, oui, il touche à l’universel.

La Laïcité, dire que c’est simple, dire qu’il est inutile de la compliquer ou de lui coller un adjectif.

La Laïcité, dire qu’elle vise l’intérêt général de la République et non des intérêts particuliers.

La Laïcité, dire que c’est un principe de stricte égalité des citoyens quelles que soient leurs origines.

La Laïcité, dire que c’est une philosophie basée sur les Droits de l’homme et du citoyen.

Alors, oui, affirmer cela pour la Laïcité et la défendre, touche à l’universel.

 Alors, oui, être citoyen de l’universel, c’est être aux côtés des familles ouighours ou coréennes, des femmes iraniennes ou ukrainiennes et des millions de filles mariées de force en quête d’une véritable solidarité.

C’EST UN COMBAT POUR L’UNIVERSALISME. ÊTRE CITOYEN DE L’UNIVERSEL A UN SENS.

J’ai la « chance » d’être membre de la première famille qui a déclenché l’affaire Papon et je suis le dernier membre du groupe des parties civiles encore en vie. C’est grâce à nous que Papon a été condamné pour crime contre l’humanité. Sans nous, l’État français n’aurait jamais été condamné pour son rôle dans la déportation des Juifs de France. Il s’agit bien du dernier gouvernement fasciste de France qui a été condamné grâce à nous. Ce n’est pas innocent de dire cela aujourd’hui quand on voit le score d’un parti fasciste au second tour des présidentielles.

il y a 25 ans, le 08 Octobre 1997 – s’ouvrait le procès Papon pour crimes contre l’humanité

Il y a 25 ans, le 08 octobre 1997, s’ouvrait le procès pour crimes contre l’Humanité de Papon.  Jean-Marie Matisson aux côtés de son père Maurice, sa Grand-mère Jacqueline et sa cousine Esther Fogiel ont déclenché la procédure en se constituant le 08 décembre 1981 partie civile contre les responsables de la préfecture régionale et de l’État français.


Ce livre retrace l’histoire de l’affaire Papon et de ses principaux acteurs, il en rétablit la vérité.


Le livre donne les pièces indispensables du procès, l’acte d’accusation, la sentence, des extraits des plaidoiries et des audiences du procès et des focus sur les points importants de l’accusation : falsifications de nationalité, prétendus sauvetages, pseudo résistance, ordres d’arrestation. Il le fait à travers le regard de la première famille à s’être constituée partie civile dans le procès. Il se veut être un hommage aux premiers hommes et aux premières femmes qui ont fait que le procès Papon ait pu avoir lieu.


Pour l’auteur et sa famille, l’idée est simple : « il fallait que la justice de la République, condamne Papon dans son rôle dans la déportation des Juifs de Bordeaux et à travers ce serviteur zélé, condamne l’État français dans son rôle dans la déportation des Juifs de France. » Gérard Boulanger : « Le crime contre l’Humanité est constitué dès que le premier homme a été tué parce qu’il est né !
C’est un procès pour la conscience universelle, parce que la question fondamentale qui vous est soumise ici est celle de la nécessaire désobéissance institutionnelle à l’ordre inique. Voilà le problème qui est posé par le procès Papon
»

16 Juillet 1942, il y a 80 ans. Les années noires bordelaises.


Je ne mets aucun autre document que la photo des enfants Alisvaks, vous trouverez tous les documents relatifs aux rafles de juillet
1942 sur mon site…

Les archives du procès Papon

Les documents  familiaux ont été enrichis grâce à l’ouverture des archives du procès aux archives départementales de la Gironde …

Juillet 1942, les années noires pour toutes les familles juives françaises. Pour notre famille, seront raflés et déportés en Juillet six personnes, ce qui explique que nous soyons les premiers plaignants de l’Affaire Papon. Il fallait que ce soit des familles de déportés de Juillet 1942 qui déclenchent le procès pour Crimes contre l’Humanité. Trois couples, deux sœurs de ma grand-mère et leur mari et une de ses filles et son mari. Leurs cinq enfants échapperont à la déportation.  A Paris, Bousquet signe les fameux accords Oberg-Bousquet qui donnent les enfants aux nazis. Le décret d’application de ces accords entrera en vigueur en Août. Ceci explique cela.

Avant les premières rafles de Juillet.

Ce que beaucoup ignorent ou taisent, c’est que Bousquet, ministre de l’intérieur et ami de François Mitterrand et Legay, son délégué pour les territoires occupés préparent les premiers convois de déportation dès Juin 1942. Ils veulent faire partir un premier convoi depuis Bordeaux début Juillet. L’intérêt est qu’on ne parle pas de Drancy, mais de constituer un train qui roulera pendant plus de dix jours, vers la Pologne, on prévoit la nourriture et les couvertures en conséquence, car là où on les envoie, il fait très froid. Finalement, l’idée est abandonnée pour les rafles de Juillet. Les convois partiront à partir du 22 juillet de Drancy. Malgré ce qu’ils disent, ils savaient déjà…

Les enfants de juillet 1942

Parmi les Juifs arrêtés, figurent une centaine d’enfants. Papon les placera dans des familles d’accueil, les cars remplis des raflés s’arrêtent devant chaque maison de famille d’accueil. Le récit des hurlements des mères dans les cars bordelais quand on leur arrache les enfants, voire pour certaines les bébés est insoutenable. On imagine leur douleur… En Août, Papon ira les chercher dans les familles d’accueil, 81 enfants et les fera déporter. Ce que j’appelle le cœur du crime contre l’humanité, car à Bordeaux, rien ne l’obligeait à le faire. C’est ce qui ressort du procès.

Parmi ces enfants, cinq enfants de ma famille échapperont à la déportation.

Eliane, Claude et Jackie Alisvaks seront exfiltrés du Fort du Hâ par un policier, un juste ami de mon grand-père. Dora et Jean Husetowski, confiés à une autre sœur de ma grand-mère, Jese Brittman, s’échapperont. Ce sera une des rares famille d’accueil qui ne les remettra pas à Papon quand celui-ci vient les chercher. Cinq enfants sauvés de la déportation en juillet 1942. Leur âge : 2, 5, 7 et 9 ans.

Parmi les 81 enfants envoyés à Auschwitz, Maurice et Léon Zygel en réchapperont après avoir connu l’horreur d’Auschwitz, de la marche de la mort et de Bucchenwald.

Il fallait que cela soit dit, pour que les assassins de la mémoire, négationnistes et autres révisionnistes ne viennent pas salir et effacer la vérité.

Simone Veil

Pendant une séance du conseil des ministres de Raymond Barre. Cette image ne cesse de me hanter et de m’interroger. Simone Veil est une femme admirable, Elle ne parlait pour ainsi dire jamais de sa déportation et de celle de sa soeur. J’éprouve le plus grand respect pour elle et son oeuvre. Nous lui avons écrit à deux reprises, nous n’avons jamais reçu de réponse. Savait-elle ? Et si oui pourquoi ne rien dire sur Papon ?