« MOURIR SANS SÉPULTURE »

Point central de la douleur des familles de déportés

Le mercredi 10 janvier 2024, devant la caméra de Valérie Hubert-Cassant, journaliste indépendante, Boris Cyrulnik pose les pavés Stolpersteine pour ses parents, rue de la Rousselle à Bordeaux. Il évoque le fait de pouvoir enfin donner une sépulture à ses parents. J’ai eu l’idée de comparer les propos tenus par certains acteurs sur ce même sujet crucial, je dirai même central de la douleur des familles de déportés. Lors de ma conférence à Science Po Bordeaux, le 14 mars 2024, orienté par les questions des enseignantes, je me suis rendu compte de deux éléments essentiels dont je parlais jusque-là, mais sans en mesurer la portée réelle :

  • Le fait qu’à aucun moment, en France, les soldats allemands n’ont participé aux arrestations des Juifs, je le savais pour Bordeaux, mais j’en ai eu la confirmation pour la France.
  • Et, que ma mémoire en jachère, individuelle et familiale est en fait le reflet de la mémoire collective.

Pierre Hurmic, Maire de Bordeaux et Boris Cyrulnik

Enterrer ses morts

Enterrer ses morts est un marqueur d'humanité dans l’histoire du genre Homo, les sépultures arrivent bien avant la   sédentarisation des groupes humains. Les premières sépultures datent d’au moins 100 000 ans.

Voilà ce que dit Boris Cyrulnik, j’ai repris mot à mot l’enregistrement, il est évident que l’émotion joue un rôle : « Bordeaux. Monsieur le Maire, vous, c’est la première fois que mes parents ont une sépulture, parce qu’ils sont morts sans sépulture, c’est-à-dire qu’il n’y a pas une seule culture sans rituel du deuil, pas une seule, même, les cultures les plus primitives font un rituel du deuil pour reconnaître la mort de ceux qu’ils ont aimé, or, moi j’ai été obligé d’ignorer la mort de mes parents, je ne savais pas où ils étaient morts, je ne sais pas comment ils sont morts, et ça c’est source de honte, et c’est source de culpabilité, mais grâce à Bordeaux, grâce à vous Monsieur le Maire, grâce à vous qui participez enfin au rituel du deuil, à l’enterrement de mes parents, c’est la reconnaissance qu’ils ont été vivants, ils sont là, ils ont vécu, là, donc vous pensez bien que pour moi, c’est un sentiment de gratitude immense pour vous tous, pour le maire et pour la ville de Bordeaux. »

José Braga au collège d’Escalquens

Une précision de José Braga, Professeur des universités.

Contrairement à ce que dit Boris Cyrulnik, les "cultures primitives" ; ça n'existe pas

Toutes les sociétés humaines contemporaines, subcontemporaines ou connues seulement par l'archéologie, adoptent, ou ont adopté des rites funéraires. Ces rites sont très divers dans les rapports entretenus avec les défunts qu'il faut accompagner dans un 'au-delà' (sépultures primaires, secondaires ou autres). Dès la Préhistoire la plus ancienne, les défunts occupent une place à part dans les sociétés, du moins celles qui nous ont laissé suffisamment de traces. Les premiers Sapiens dits 'modernes' inhumaient leurs défunts il y a environ 100 000 ans (par exemple à Qafzeh en Israël) ; Néandertal aussi sans aucun doute, au moins dans certains groupes (par exemple à Shanidar, en Irak). Bien avant ces derniers, par exemple à Atapuerca il y a 450 000 ans (Sima de los Huesos), des indices de traitement des défunts sont visibles.

Un entretien entre le Rabbin Yeshaya Dalsace

03 avril 2022 – Un entretien entre le Rabbin Yeshaya Dalsace et Jean-Marie Matisson Dans le cadre des dimanches de DorVador.

On parle des témoignages au cours du procès de Maurice Matisson et de Michel Slitinsky : « Je crois que pour eux, pour mon père, pour Michel Slitinsky, c’était une façon de revivre, d’enterrer nos morts. Pour eux, évoquer la famille, la mort de ma famille, cela permettait de faire le deuil qu’on n’avait pas pu faire depuis 42. »

Jean-Marie Matisson

Le Rabbin Yeshaya Dalsace : « vous dites dans votre témoignage il y a une difficulté à soulever cette chappe de silence, nous avons notre mémoire en jachère, je trouve personnellement cette expression très forte, nous avons notre mémoire en jachère, il y a une difficulté à vivre avec ce passé, un mal être (…) J’ai deux de mes frères qui sont morts jeunes et je suis convaincu que pour l’un d’entre eux, il est mort de ce mal de vivre. Il n’est pas facile de porter le deuil des gens de notre famille qui n’ont pas été enterrés, pour lesquels, il n’y a pas eu de corps à mettre en terre, j’ai enterré mes deux frères et je les ai connus et pourtant, il m’est beaucoup plus difficile de parler de ces morts que je n’ai pas connus. Nous sommes hantés par les fantômes de nos morts. Jackie a dit qu’il était comme une vieille valise abandonnée. (…) Il y a le fol espoir d’Eliane, qui quand on sonne chez elle, croit toujours que ce sont ses parents qui rentrent des camps »

Extrait de mon témoignage pendant le procès Papon en décembre 1997

« Je n’ai que quarante-quatre ans, c’est à dire à peu près le même âge que les jurés, je n’ai pas connu les faits et je voudrais témoigner de la difficulté des enfants de la deuxième génération. Quand on a entendu les témoignages des survivants, on voit combien la douleur est forte, la difficulté de connaître les faits est vécue par les enfants de la deuxième génération, il y a une chape de silence qui pèse sur nos morts. Nous avons hérité de cette difficulté de vivre, de ce mal-être. Nous aussi, nous sommes hantés par les fantômes de nos morts. Ici, à Bordeaux, nous avons été victimes de l’administration de Vichy. Ma famille a perdu huit de ses membres, soit plus de la moitié des nôtres, notre famille a été pulvérisée. Mais on ne parlait jamais de nos morts. Je me souviens de ces dimanches en famille, je suis né dans une famille de résistants, ma mère et ses frères étaient résistants. Quand on se retrouvait en famille, le dimanche, avec mes grands-parents et avec Esther, on évoquait souvent les faits de résistance des uns et des autres, mais on ne parlait jamais des morts dans les camps. Il y a une chape de silence, qui pèse depuis cinquante-cinq ans du poids du chagrin et de la douleur et qui est trop difficile à soulever. Je n’arrive qu’à peine aujourd’hui, à reconstruire l’arbre généalogique de ma famille »

Plaidoirie de Gérard Boulanger

« Le crime contre l’Humanité est constitué dès que le premier homme a été tué parce qu’il est né ! » [Lundi 9 mars 1998 – 81ème audience – 9h45 – 11h25]

La dignité a été du côté des parties civiles, du côté des victimes. J’ai noté quelques paroles prononcées par quelques-uns d’entre eux. Des paroles qui m’ont bouleversé. » Gérard visiblement très fatigué, est très ému, sa voix, d’habitude si forte s’étreint, vibre. Il parle de nos morts comme si c’étaient les siens. Il se les approprie.

Jackie Alisvaks a dit : « C’est un cancer de notre mémoire, un mal qu’on sent et qu’on ne voit pas.

Jean-Marie Matisson, enfant de la deuxième génération, a dit : « La douleur n’est pas éteinte car nos morts n’ont pas été enterrés. Vous allez donner un cercueil symbolique à nos morts. »

Léon Zyguel a dit : « J’ai la haine dans mon cœur, elle me fait souffrir, ceux qui me l’ont donnée, eux, n’en souffrent pas. »

Éliane Dommange a dit : « Ce n’est pas seulement la vie de mes parents qu’il a pris, c’est aussi une partie de ma vie. »

Thérèse Stopnicki a dit : « On ne peut pas toujours vivre dans un cimetière. Le seul crime de mes sœurs était d’être nées dans un berceau juif. »

Juliette Benzazon a dit : « On nous a rendus à l’état de bête. »

René Panaras a dit : « Je suis encore étouffé par l’émotion quand je pense à cette période. »

Marie Mouyal Etcheberry a dit : « A Auschwitz, seul le ciel est leur cimetière. »

René Jacob a dit : « Vous m’avez esquinté ma vie. »

Moïse Schinazi a dit : « C’est honteux ce que vous avez fait, Maurice Papon. »

Eh oui, il n’y a que cela à dire : « C’est honteux ! » Et nous espérons beaucoup de l’arrêt que vous serez amenés à prendre. Il n’est pas de la responsabilité des avocats des parties civiles de demander une peine. La peine est une sanction sociale dont la demande appartient au Ministère public. Les parties civiles n’ont donc pas à vous demander une peine. Mais j’aimerais que, dans votre délibéré, lorsque vous prendrez la décision de condamnation, inéluctable, vous pensiez que si nous représentons 72 personnes disparues, il y en a eu 1597 déportées. Et que vous vous souveniez de ces mots d’Hertz Librach : « Notre peine, à nous, elle est perpétuelle. »

Joé Nordmann

Plaidoirie de Joë Nordmann

« Si Papon échappait à notre justice, cela signifierait-il pour eux que tout ce qu’a fait Papon est permis et peut recommencer ? » (En fait sa dernière plaidoirie à l’âge de 88 ans), le 10 mars 1998 – 83ème audience

« La singularité de la Shoah n’en reste pas moins certaine. Les parties civiles, représentant l’immense foule des victimes, présentes dans la salle pendant toute la durée des débats, sont venues à la Barre dire leur deuil et leur attente d’une réparation judiciaire. Comment oublier ces paroles venues aux lèvres d’un homme mûr à qui manquera toujours la chaleur du corps de sa mère, la douceur de ses caresses ou la parole de celle que poursuivra toute sa vie le dernier regard reçu de la sienne et celle de tous ceux que laisse inconsolables le souvenir des leurs restés sans sépulture. »

Croquis de Ravensbrück de Violette Rougier-Lecoq

La mémoire en jachère

Encore des faits, intangibles, incontournables :

  • Quand Hitler envahit la France, Mussolini lui fait part de son étonnement : « pourquoi ne pas occuper la France et se débarrasser de Pétain ? » « Mais c’est plus simple de laisser la France faire le sale boulot ! ».
  • Les rafles de Juifs en France ont été organisées et exécutées par la police française.
  • 1942 – année noire : 45 convois de 1000 Juifs en moyenne, cela représente 45 000 déportés sur un total de 78 000 soit plus de la moitié des déportés de France.
  • En 1945, lors du premier onze novembre, il y a quinze cercueils symboliques pour honorer la mémoire des combattants et des disparus, il n’y en a aucun pour les déportés juifs, même si le corps de Renée Levy, petite-fille de rabbin est dans un des cercueils, c’est en tant que résistante qu’elle figure parmi les quinze cercueils.

Jusque dans les années 1980, pour la mémoire collective, aidée en cela par De Gaulle qui déclare que Vichy n’était pas la France, seuls les nazis sont coupables du crime contre l’humanité, c’est toujours la théorie des Klarsfeld au procès : « Les nazis sont l’auteur principal et Vichy est juste complice ».

En 1983, soit deux ans après notre dépôt de plainte pour crime contre l’humanité, les éditions Dargaud publient l’histoire de Bordeaux en bande dessinée et sur la page qui évoque les rafles que voit-on ? Deux camions allemands dans lesquels sont entassés des Juifs et qui sont accompagnés par des soldats allemands, dans le même élan, ils annoncent un nombre de déportés de 1061 quand on en a recensé 1597, la publication est pourtant supervisée par d’éminents universitaires. En 2024, quand Boris Cyrulnik évoque son séjour dans la synagogue – il s’y trouve pour en parler et accompagne du geste ses propos – il dit se rappeler très bien que la synagogue était divisée en deux et que des soldats allemands gardaient les Juifs internés, il omet de parler de la police française pourtant bien présente. Autant on peut excuser la mémoire d’un enfant de 6 ans, autant la faute d’historiens de renom est inadmissible.

Jusque dans les années soixante, il y a un nombre incalculable de cartes de résistants qui sont délivrées. Mon parrain, un ancien F.F.L. (Forces Françaises Libres), me dira au vu du numéro de la carte obtenue par Papon que si il y avait eu autant de résistants que de cartes délivrées, il n’y aurait jamais eu un seul allemand en France, d’autant que beaucoup d’authentiques résistants ont refusé de demander une carte, n’ayant agi que par devoir comme ce fut le cas pour ma mère.

La plupart des monuments mémoriels en France avant les années 80 ne parlent que de « victimes de la barbarie nazie », ce n’est que très récemment qu’on ajoute et du « régime pétainiste » ou et « du gouvernement de Vichy ». Une plaque posée en 2010 à Bouloc en Haute-Garonne précise qu’ « une famille juive fut arrêtée le 26 Aout 1942 sur ordre du gouvernement de Vichy. »

Quand donc, lors de ma déposition j’évoque la chappe de silence qui pèse sur notre mémoire, j’ignore qu’en fait, elle touche aussi la mémoire collective de la France. La France blessée, la France meurtrie souffre aussi d’avoir sa mémoire en jachère. Mon combat de résistance contre l’oubli ne concerne pas que ma famille, il concerne aussi l’honneur de la République.

Jean-Marie Matisson

Membre de la LICRA

Membre d’Unité Laïque

Première partie civile au procès Papon

Esther : victime de l’indicible.: Il n’y a pas d’au-delà à la ShoahFormat e-book

Procès Papon : Quand la République juge Vichy – éditions La Lauze

⚔ Bon sang de bon d.ieu de bonsoir !!! 🖊

🤝 Droit de mourir dans la dignité : un vrai combat laïque ! 🤝

⚔ Donner le droit aux personnes en fin de vie et en grande souffrance, de choisir de mourir dans la dignité suppose une conscience libre. Si à l’arrivée de sa fin de vie, on juge innaceptable de continuer à vivre dans l’indignité, il est bien normal que le personnel médical qui nous aide à mourir soit protégé. L’aide active à mourir est un Droit qui n’existe pas en France, pourtant pays des Droits de l’Homme et du Citoyen.

🖊 S’opposer à ce que ce choix soit accessible ou s’abstenir de voter la loi maintient une funeste obligation pour tous ; quand soutenir et voter la loi donne un Droit aux personnes, aux familles, aux patients, aux aidants, aux médecins et aux infirmières de le faire ou de ne pas le faire, leur liberté de conscience étant préservée.

⚔ Insupportable à notre époque de voir et d’entendre les religions minoritaires nous imposer et décider de ce que sera notre naissance et notre mort. Le 24 janvier, on a vu un rare moment d’union des représentants des différentes religions. Ils ont répété leur réticence face à une évolution de la loi sur la fin de vie, dans l’attente d’une nouvelle réunion avec le chef de l’Etat qui a promis un texte pour février. « Nous sommes très prudents sur la nécessité d’une loi. »

🖊 Libres à celles qui ne veulent pas pratiquer l’IVG, libres à ceux qui s’opposent au droit de mourir dans la dignité, de ne pas les pratiquer, mais laissez nous avoir ce choix. Bon sang de bon d.ieu de bonsoir !!!

⚔ La Loi sur le Droit de Mourir dans la dignité est une avancée laïque et républicaine.

🖊 Agnes Matisson et Jean-Marie Matisson 🖊

un 10 janvier 2024 à la grande synagogue de Bordeaux

Les photos sont de Sarah Bromberg et de Valérie Hubert-Cassant

Article de Valérie Hubert-Cassant

Valérie Hubert-Cassant et Jean-Marie Matisson

Je le sais, cela faisait si longtemps que Jean-Marie Matisson souhaitait s’exprimer sur le Procès Papon, dont il fut l’un des plaignants, ici dans cette ville à Bordeaux où plusieurs membres de sa famille, petits cousins, oncles, tantes, cousine ont été capturés et déportés, mais surtout dans la Synagogue De Bordeaux, dans cet endroit tant d’autres citoyens bordelais, français, juifs de confession, furent emprisonnés, déportés et pour certains tués dans cette synagogue le jour de la rafle du 10 janvier 1944.

Pendant la conférence

Ainsi, 80 ans après et juste après les cérémonies de commémoration de la rafle, Jean-Marie a donné sa conférence dans une salle archi pleine, l’on a distribué les chaises jusqu’à ce qu’il n’y ai plus une seule.

Pendant la conférence

Beaucoup de questions, de souvenirs échangés, de sourires et de chaleur.

Les choses ont été dites.

Les trois organisateurs étaient Licra Bordeaux & Gironde avec sa présidente Sarah Bromberg, le CRIF Bordeaux-Aquitaineavec son président Albert Massia, le Bn’ai Brith, Mireille Levy et Isabelle Habib, le consistoire Israélite et son président, Erick Aouizérate.

Tard dans la soirée, heureux de partager ces moments précieux, nous avons levé nos verres à la liberté.


Sarah Bromberg, présidente de la Licra Gironde, Agnès et Jean-Marie Matisson

Commentaire de Jean-Marie Matisson

Val Hubert-Cassant Tellement juste ! Tellement juste ! Un œil extérieur qui me connaît bien et qui m’accompagne depuis tant d’années. Valérie et Alain sont devenus plus que des amis. Comme tu l’as dit un jour  »fier de cheminer à tes côtés  ». Apres années de combats. Il me semblait impensable que nous ne soyons que quelques juifs laïques à ester en justice contre Papon. Il me semblait impossible que la communauté juive ne soit pas avec nous. Il nous aura fallu attendre 8 ans 1980 1988 pour qu’elle se joigne à notre plainte contre Papon. Il nous aura fallu attendre 26 ans 1998 2024 pour qu’elle reconnaisse notre combat et nous invite. Hélas, je suis le dernier des premières parties civiles encore en vie mais voilà c’est fait. Erick Aouizérate à travers moi à rendu hommage au courage des premières parties civiles sans qui jamais l’état français n’aurait été condamné pour son rôle dans la déportation des Juifs de France.

à la fin de la conférence, dédicaces

Accessoirement j’ai pu parler à Boris Cyrulnik et lui poser une question qui me hante depuis les années 1980. Sa réponse me conforte dans le jugement que j’ai sur la malfaisance d’une personne ! Mais ce qui restera dans ma mémoire c’est la façon dont Boris s’est saisi de ma main, la prise et la serrée dans les siennes tout le temps que durait notre dialogue comme si son corps exprimait une profonde reconnaissance.

Voilà une page est tournée mon combat peut prendre fin.

Voeux 2024

­ Meilleurs voeux 2024­
­1942 – 2024Jean-Marie MatissonTransmettre et passer la mémoireLutter contre contre les totalitarismes hier, nazis et aujourd’hui, islamistes ­
Nazisme1942 – 1944  : Papon et l’Etat français condamnés. Le Juif est le baromètre de l’histoire.21 février 1944 Missak Manouchian et ses 22 compagnons fusillés au Mont Valérien 
21 février 2024 Missak Manouchian entrera au Panthéon ­
Islamisme
Assassinés par des terroristes islamistes 
Samuel Paty 16 octobre 2020
Dominique Bernard 13 Octobre 2023
Honorer Samuel Paty – Honorer la République
les villes donnent le nom de Samuel Paty à une voie.Toulouse – Bordeaux –  Montpellier – Fronton – Tournefeuille – Cahors – Figeac – etc.
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Femme, Vie, Liberté Iran – Afghanistan – Pays islamistes . La femme est le baromètre de la laïcité.Nous devons nous opposer à l’offensive généralisée de l’islam intégriste contre la liberté des femmes­

S’informer, comprendre et transmettreRetrouvez les archives du procès Papon par ceux qui l’ont vécu durant 17 ans sur le site internet ci-dessous. Site internet des livres et de l’actualité de Jean-Marie MatissonS’informer, comprendre et transmettre
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 » Nous les Juifs « 

un édito, inspiré par la lecture de Gilles Finchelstein et l’écoute de Simon Moos

À deux reprises, la semaine dernière, je me suis surpris à dire lors d’une émission radio et d’une conférence, « nous les Juifs » alors que d’habitude, je dis « je suis un Juif laïque, issu d’une famille ashkénaze, arrière-petit-fils d’un Rabbin… » 


Au lendemain de ce 7 octobre, la journée la plus meurtrière contre les Juifs depuis la Shoah :  images insoutenables de femmes agonisantes trainées nues et violées, de familles entières immolées dans leur foyer, de bébés égorgés dans leur berceau, de femmes enceintes éventrées aux fœtus décapités, images dignes des expéditions génocidaires des Einsatzgruppen.

 
Et puis, à peine Israël décide-t-il de chasser les nazis du Hamas, on entend les lieux communs de la haine antijuive rejaillir de la boîte de Pandore dans laquelle ils étaient enfermés depuis 80 ans, les petits lieux communs du pacifisme aveugle : « quelle bande de brutes, ce conflit ne finira donc jamais » « si seulement, il y avait la paix » autant de phrases qui après l’empathie laisse place aux atermoiements intellectuels, aux équivalences et enfin à l’indifférence. 
Des médias refusent d’appeler le Hamas « groupe terroriste » (BBC ou AFP) ou pire les appellent « combattants palestiniens »
Certains responsables politiques inscrivent les massacres contre les Juifs dans les trames d’un proche Orient complexe. Déjà on contextualise l’horreur en partage des torts, on offre une grille de lecture politicienne, on parle de colonisation israélienne sur l’unique et minuscule terre juive de cette planète, on parle d’apartheid pour qualifier la seule démocratie libre d’une région entourée par des dictatures. Certains responsables politiques oublient que parmi les victimes et les otages du Hamas, figurent leurs ressortissants, pour la France 40 victimes et encore des otages.
 

Le monde tolère les Juifs quand ils sont à terre beaucoup moins quand ils se relèvent, pas même quand ils affrontent les mêmes barbares qui, hier, se réjouissaient de voir New York en cendre et Paris en sang. Depuis bien trop longtemps, nous hébergeons, nous protégeons les frères musulmans, les frères Ramadan, les auteurs des attentats de la rue des rosiers, de la Synagogue de la rue Copernic, de Charlie, de l’Hyper Casher, du Bataclan, de l’école Ozar Hatorah, les idiots utiles qui se déchaînent sur France Inter, comme Guillaume Meurice qui ose un « Netanyahou, un nazi sans prépuce ». 

Les Juifs sont fatigués de devoir se justifier,  

Les Juifs sont fatigués de devoir justifier la civilisation, 

 Les Juifs sont fatigués de devoir rappeler pourquoi la réponse à la barbarie ne peut pas se réduire à des marches contre le racisme et l’antisémitisme.  

C’est Manouchian, Churchill et De Gaulle que l’histoire désigne comme héros, pas Chamberlain, Pétain, Papon ou Bousquet qui se sont soumis au mal absolu. 

Alors, oui, la guerre est une crise humanitaire, mais Israël n’a pas voulu cette guerre, elle lui a été imposée, comme la France à Raqqa contre Daesh, comme la France libre et les alliés l’ont fait en Allemagne pour abattre le troisième Reich et Hitler. Fallait-il ne pas bombarder Berlin et laisser les usines de la mort tourner à plein régime à Auschwitz ?
Où étaient-ils ceux qui accusent Israël aujourd’hui, hier quand la France menait son combat contre Daesch ? Faut-il être Juif pour être toujours coupable ?

Si les valeurs judéo-chrétiennes qui ont prétendument façonné l’occident, si celles des lumières ne résonnent plus, je suis sûr qu’elles seront toujours défendues par le peuple qui les a transmises au monde.

le 16 novembre 2023

Hamas, Paty et République

Les événements perpétrés par les terroristes du Hamas en Israël ont bouleversé la parution de cette lettre d’info, je l’ai réduite à l’essentiel. Ils ont été pires ou l’égal des nazis il y a quatre-vingt ans.

Depuis vingt-six ans je parle de la Shoah bordelaise, du nazisme, de ses collabos et de l’Extrême Droite française, enfant naturel de Pétain. Je n’arrête pas de parler du danger de sa renaissance et pas que dans l’Extrême-Droite traditionnelle. Aujourd’hui, voilà qu’elle se concrétise avec cette nouvelle forme de nazisme qui est celle du terrorisme du Hamas : anéantir ou exterminer le peuple juif. Et ce sont encore les mêmes qui hier perpétraient les attentats de la rue des rosiers, de Charlie Hebdo, de l’Hyper Casher, du Bataclan, des enfants de l’école Ozar-Hatorah à Toulouse. Et pour moi qui défend la laïcité comme socle de notre République depuis cinquante ans, les assassinats de Samuel Paty et de Dominique Bernard rejoignent ceux des enfants d’Israël.  Décapiter un bébé ou décapiter un enseignant relève de la même barbarie. 

Ils ont peur de l’école de la République et s’en prennent à elle parce qu’elle est la meilleure réponse à leur intégrisme. Le fascisme islamiste est aujourd’hui l’ennemi de notre République et de nos valeurs. J’en suis à 49 conférences dans des synagogues, des temples maçonniques, des médiathèques, des collèges, des lycées, des émissions radio, etc. Mon agenda est plein jusqu’en Mars 2024. Les événements d’aujourd’hui ne font que renforcer mes convictions.

Lors d’une conférence sur les grands procès d’après-guerre que j’ai donnée récemment avec Stéphane Nivet, historien de Jean Moulin, une jeune femme nous a posé la question suivante:

 » Vous voulez dire que pour la rafle du Vel d’Hiv, il n’y a jamais eu de procès ? »  

Rien que pour elle, je continuerai.

Rien que pour ces bébés décapités, je continuerai.  

Rien que pour ces enseignants décapités ou égorgés,  je continuerai.

Car comme je le dis souvent tout est lié : la laïcité, l’universel, le combat contre le nazisme d’hier, le combat contre le nazisme islamiste d’aujourd’hui.

Missak Manouchian, combattant de l’universel et de la liberté entre au Panthéon

MISSAK MANOUCHIAN ENTRE AU PANTHEON

Par Jean-Marie Matisson, membre du CA d’Unité Laïque

Vendredi 16 juin 2023, le président de la République, entouré de plusieurs de ses conseillers, recevait le Comité pour l’entrée au Panthéon de Missak Manouchian, mené par Jean-Pierre Sakoun, président d’Unité laïque, et composé de Katia Guiragossian, petite-nièce de Mélinée et Missak Manouchian, représentant la famille, de Nicolas Daragon, maire de Valence et co-porteur de la démarche, de Pierre Ouzoulias, sénateur, de Denis Peschanki, historien et d’Aline Girard, secrétaire générale d’Unité laïque

Jean Moulin, Joséphine Baker et Missak Manouchian

« Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand » quelle magnifique leçon d’universalisme dans la bouche de ce combattant arménien, il ne se battait pas contre un peuple, il se battait pour une certaine idée de la France « et les mornes matins en étaient différents ».

« Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand » résonne aussiavec cet « Entre ici Jean Moulin », prononcé en 1964 par André Malraux et qui reste un des plus beaux discours du siècle dernier. Jean Moulin et Missak Manouchian, et avec eux, le cortège d’ombres de tous ces résistants d’origine étrangère morts pour la France.

« Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand » résonne encore avec « Ma France, c’est Joséphine »prononcé en 2021 par Emmanuel Macron pour rendre hommage à la panthéonisation de Joséphine Baker. Il résonne toujours et vibre comme la flamme de la Liberté. Joséphine Baker défendait les grands principes universels de liberté, d’égalité et de fraternité.

Missak Manouchian mérite que son nom soit à jamais gravé dans la pierre blanche du Panthéon à côté de ceux de Jean Moulin, de Geneviève Anthonioz de Gaulle, de Pierre Brossolette, de Germaine Tillon, de Jean Zay et de Joséphine Baker. Les résistants ne se trompent jamais, au lieu de céder aux invectives et à la violence, comme l’extrême-droite le propose aujourd’hui, ils répondent par l’engagement, Missak Manouchian était plus français par le sang versé que ceux qui voulaient que « son nom à prononcer soit difficile » et que sa tête sur l’affiche « fasse un effet de peur sur les passants ».

Pour Joséphine Baker, fille métisse d’une Amérique ségrégationniste, pour Mélinée et Missak Manouchian, enfants du génocide arménien, comme pour les 22 autres combattants étrangers qui « criaient la France en s’abattant », la France n’est pas simplement un territoire ou une population, la France est un idéal fondé sur la laïcité, la justice et sur l’unité et l’indivisibilité de la communauté des citoyens.  C’est un pays « plus grand que lui-même » qui a toujours représenté pour le monde entier un symbole et un espoir de bonheur. Il y a encore quelques années les insurgés de la place Maïdan en Ukraine chantaient la Marseillaise comme avant eux tous les peuples qui dans le monde se sont soulevés contre l’arbitraire et la misère depuis 1792.

Mémoire et Transmission

Il y a 108 ans avait lieu le premier génocide du 20e siècle. Les Turcs massacraient 1,5 million d’Arméniens dans l’Empire ottoman finissant. 

Il y a 90 ans, commençait la Shoah avec ses 6 millions de Juifs exterminés.

« Je mourrai avec mes vingt-trois camarades, avec le courage et la sérénité d’un homme qui a la conscience bien tranquille » seront les derniers mots de Missak Manouchian à son épouse Mélinée née Assadourian. Missak, rescapé du génocide, fuit l’Arménie en 1925, Mélinée en 1926. Ils se rencontrent en 1934 à Paris et s’engagent au sein du Parti Communiste pour finalement entrer en résistance dans les FTP-MOI (Francs-Tireurs et Partisans – Main d’Œuvre Immigrée) Mélinée restera résistante jusqu’à la Libération, elle meurt le 6 décembre 1989 à Paris et est enterrée dans le cimetière d’Ivry, aux côtés de son mari.

La date du 21 février 1944 s’inscrit à jamais dans notre mémoire collective et rendre hommage à l’enfant du génocide arménien, au poète, au syndicaliste et au journaliste, fusillé ce jour-là au Mont-Valérien, c’est reconnaître son combat et celui de tous ses compagnons pour la Liberté, c’est lutter contre la négation et l’apologie des crimes de masse, génocides et crimes contre l’humanité, c’est enfin défendre l’honneur et la mémoire des victimes du nazisme et du pétainisme.

Tout comme Joséphine Baker, le résistant arménien, s’engage dans la lutte armée contre les fascistes et l’occupant nazi. Au-delà de la filiation directe entre ces fascistes d’hier et ceux d’aujourd’hui aux portes du pouvoir en France, l’Europe, oublieuse de son passé est en train de sombrer à nouveau dans la peste brune et de s’offrir à la bête immonde. Nous leur devons fidélité, nous ne devons pas oublier leurs actes, nous devons aujourd’hui faire en sorte qu’ils ne soient pas morts pour la France, hier, pour rien.

Pour reprendre André Malraux « Aujourd’hui, jeunesse, puisses-tu penser » à ces hommes et à ces femmes. (…) Ce jour-là, ils étaient le visage de la France. ». Face à la montée des extrémismes et du populisme, l’enjeu de la transmission aux enfants est essentiel, car, eux, ne se posent pas de questions, ils savent qu’ils se sont battus pour que nous puissions vivre libres.

C’est à nous, adultes de continuer à transmettre. C’est tout le travail que mènent aujourd’hui Unité Laïque et la Ville de Valence et qui aboutit ce jour par l’entrée de Missak Manouchian au Panthéon.

Nous le leur devons, nous nous le devons.

Merci à tous ceux et toutes celles qui nous ont apporté aide et soutien dans ce travail de mémoire.

L’être humain n’a qu’un seul pays : la liberté !

Photo Valérie Hubert-Cassant

La Cour Pénale Internationale vient de lancer un mandat d’arrêt international contre M. Vladimir Poutine, Président de la Fédération de Russie et Mme Maria Lvova-Belova, Commissaire aux droits de l’enfant au Cabinet du Président de la Fédération de Russie.

Le crime retenu concerne la déportation des enfants ukrainiens et le génocide.

Alors, oui, j’entends les critiques ! : « cela ne sert à rien ! » « il faut envoyer Rambo pour l’arrêter ! » « il se moque de nous ! »

À ceux-là, je le répète, le crime est imprescriptible et ils seront poursuivis jusqu’à la fin de leur vie. Ils ne pourront plus se déplacer dans plus de la moitié des pays du Monde, ils auront toujours la menace de voir un commando les exfiltrer et les amener devant leurs juges. Et surtout, ces deux premières plaintes ouvrent la voie à de nouvelles poursuites.

Je viens d’adhérer à une association UNITÉ LAÏQUE qui travaille à la réhabilitation de la mémoire de Missak Manouchian et à son entrée au Panthéon. Cela parle forcément pour moi, parce que mon grand-père était membre du BUND, mouvement révolutionnaire juif d’Europe de l’Est, le BUND fut un des principaux fournisseurs de combattants du MOI, mouvement de résistance issu de la main-d’œuvre immigrée, Missak Manouchian et l’affiche rouge en est le représentant le plus connu. J’ai découvert récemment une stèle en hommage à un combattant du MOI qui disait « les hommes n’ont qu’un pays : la liberté ». C’est justement en cela que je suis un citoyen de l’universel et un combattant de la liberté.

Tout est lié, la laïcité, la connaissance du fascisme d’hier, la lutte contre le fascisme d’aujourd’hui, l’universel, la transmission, la transmission encore, la transmission toujours.

Ces trois jours à Libourne sont basés sur la transmission, j’ai été honoré pour mes 50 ans de maçonnerie et là, à l’écoute des souvenirs que les frères et les sœurs évoquaient à mon égard, ce qui revenait sans cesse était ma façon de transmettre. J’ai alors compris pourquoi la fonction que j’ai aimée le plus occuper était justement le poste chargé de transmettre aux nouveaux impétrants.

Transmettre avec Usha, mon neveu et fils adoptif. Photo Valérie Hubert-Cassant

Mais revenons à ma journée marathon au Lycée Max Linder.

Le souvenir qui me marquera de cette séance de trois conférences au Lycée Max Linder, est cet élève visiblement plus âgé que les autres, visiblement, d’origine afghane ou iranienne, peu importe, qui vient me voir au début de la conférence, me demande si cela me dérange s’il assiste à la conférence, il est là en auditeur libre et qui, à la fin, me pose et me repose des questions sur le crime de génocide et le crime contre l’humanité et la Cour Pénale Internationale :

  • Pourquoi selon la justice bordelaise, s’il n’y avait pas eu de survivants et d’ayants-droits, il n’y aurait pas eu de procès ?
  • Est-ce que la Cour Pénale Internationale peut être saisie par n’importe quel individu ?
  • Quels sont les avantages d’avoir une Cour Pénale Internationale ?
  • Que veut dire le fait que ces crimes soient imprescriptibles ?

Il est clair que ces questions et ces interrogations ne sont pas que scolaires. Il est clair aussi que son regard qui s’illumine au fil de mes réponses ; que ses yeux qui brillent en disent long sur son histoire et son vécu.

Comme d’habitude, je suis toujours frappé par les réactions des jeunes qui viennent m’écouter. Je suis surpris par le nombre de lycéens ou de lycéennes qui viennent spontanément me remercier après mes conférences, quelques mots gentils, des gestes d’affection qui sont ma récompense, mon salaire pour mon travail de mémoire accompli. Je suis le témoin inattendu qui vit dans sa chair, les horreurs décrites sur une page de leur manuel d’histoire et cela change tout.

Force est de me souvenir de cette lectrice allemande qui veut assister à ma conférence au Lycée Paul Broca Elysée Reclus à Sainte-Foy-La-Grande, et qui à la fin de la conférence, au fond de la salle de classe pleure, elle pleure sa honte du peuple allemand.

Force est de me souvenir de cet élève de cette classe de primo arrivant du collège du Barrage à Bergerac dont le professeur n’avait jamais entendu le son de la voix et qui n’arrête jamais de me poser des questions.

Voilà, c’est cela mon combat, le vrai sens de ma vie et toi qui me comprends et compte pour moi, tu te plains d’être obligée de m’arracher les vers du nez pour te dire quoi ? que j’étais Grand Maître Adjoint du Grand Orient de France ou président du Comité Laïcité République, une gloire sans commune mesure avec mon travail de transmission.

Alors, oui, pour ces jeunes qui me remercient, pour cette lectrice allemande qui pleure à chaudes larmes sa honte, pour ce primo arrivant qui se met à parler avec moi après 6 mois de silence, pour ce jeune libournais et ses yeux qui pétillent, alors, oui, j’estime avoir accompli mon travail.

Jean-Marie Matisson

Unité Laïque

Grand Orient de France

Comité d’Action Maçonnique

Combattant de la Liberté

Merci à toi Marie-Laurence pour ton accueil et ton accompagnement.

Photo Valérie Hubert-Cassant

Fascisme d’hier, fascisme d’aujourd’hui

Transmettre les faits qui se sont produits hier avec rigueur et vérité c’est participer à l’éveil d’une conscience politique chez les nouvelles générations aujourd’hui pour qu’ils puissent construire le monde de demain

C’est en tout cas le but que je me fixe quand j’interviens dans un lycée ou un collège. Comme je le répète, je ne suis pas un historien, je relate des faits judiciaires et je les réinvestis avec mon histoire familiale. La Shoah bordelaise est exemplaire de ce que fut la Shoah, avec ses compromissions, ses lâchetés, ses actes de courage, ses justes parmi les nations. 

Histoire et Politique au sens noble du terme sont liées. 

Le fascisme d’aujourd’hui prend ses racines dans le fascisme d’hier car les deux sont identiques.

Aussi, parler de laïcité, de citoyenneté de l’universel comme une réponse au fascisme d’hier et au fascisme d’aujourd’hui au regard du procès Papon apparaît juste et nécessaire. A Périgueux, devant une classe de terminale, un élève m’a posé la question juste : « Monsieur, associez-vous d’autres combats à votre travail sur ce qui s’est passé avec votre famille ? ”

Mon combat du jour, c’est de contribuer à la création d’un grand mouvement laïque en France, qui supplante la myriade d’associations qui parlent de laïcité. C’est pourquoi, je milite aujourd’hui dans Unité Laïque qui est en passe de devenir ce grand mouvement unitaire avec Jean-Pierre Sakoun et Philippe Foussier qui ont succédé à la présidence du Comité Laïcité République

« La laïcité n’est pas une opinion, c’est la liberté d’en avoir une ».

citoyen de l’universel

Le juif est le baromètre de l’histoire comme la femme est le baromètre de la laïcité. S’en prendre à eux, c’est s’en prendre à l’humanité.

L’humanité se définit malheureusement par ce qu’elle connaît de pire, le crime de masse qui inclut le crime contre l’Humanité et le crime de guerre. Citoyen de l’universel, cela va au-delà de citoyen du monde, car le cadre qu’il définit est tout à la fois géographique et politique.

L’esclave qui lutte pour se libérer de ses chaînes ne le fait pas pour soumettre son maître il le fait pour mettre fin à L’esclavage c’est en ça qu’il combat pour l’universel.

La femme iranienne qui combat contre le port du voile ne le fait pas pour affirmer sa domination à son tour elle le fait pour libérer toutes les femmes.

Le combat pour le respect des femmes et des enfants touche à l’universel. La Laïcité, c’est simple, inutile de lui coller un adjectif, elle vise l’intérêt général et non des intérêts particuliers, elle est un principe de stricte égalité des citoyens quoi que soient leurs origines, elle est une philosophie basée sur les droits de l’homme et du citoyen.

Affirmer cela et défendre la laïcité, touche à l’universel . 

C’EST UN COMBAT POUR L’UNIVERSALISME.

ON NE PEUT PAS ÊTRE CITOYEN DE L’UNIVERSEL ET COMMUNAUTARISTE

ÊTRE CITOYEN DE L’UNIVERSEL A UN SENS. 

J’ai la « chance » d’être membre de la première famille qui a révélé l’affaire Papon et je suis le dernier membre du groupe des parties civiles encore en vie. C’est grâce à nous que Papon a été condamné pour crime contre l’humanité. Sans nous, l’État français n’aurait jamais été condamné pour son rôle dans la déportation des Juifs de France. Il s’agit bien du dernier gouvernement fasciste de France qui a été condamné grâce à nous. Ce n’est pas innocent de dire cela aujourd’hui quand on voit le score d’un parti fasciste au second tour des présidentielles. 

Jean-Marie Matisson

La laïcité n'est pas une opinion, c'est la liberté d'en avoir une